mardi 22 septembre 2009

Pukkelpop - jour 1

J'écris cet article avec une semaine de retard (travail oblige). Il ne s'agit donc pas de réactions à chaud, mais elles me semblent cependant justes et sincères.

Premier réveil (déjà) difficile sur le camping de Kiewit dans une atmosphère de canicule et d’euphorie intense : une chose est sûre, les premières bières ne feront pas long feu. Le temps d’enfiler short et t-shirt et me voici sur le site du festival pour une longue première journée de concerts en tous genres.

Première réjouissance de la journée avec Ghinzu, programmés à 14h30 sur la Main Stage. Une heure assez étonnante sachant qu’ils bouclaient les Ardentes, mais au vu des différents artistes qui suivront, cela reste compréhensible. Avec une setlist identique aux derniers concerts, la bande à Stargasm assure le show sans rendre celui-ci transcendant. Un bon échauffement pour la suite.

C’est désormais au tour de Bon Iver de me transporter avec ses ballades folk et sa voix perçante au sein d’un Marquee bondé et très réceptif à la musique de ce dernier. Les très efficaces « For Emma, Forever Ago » et « Brackett, W9 » laissent quelques frissons au sein d’un public visiblement conquis au vu des accompagnements et des applaudissements répétés. De mon côté, la chaleur étouffante qui régnait sous cette tente fut presque oubliée durant ces quarante minutes de douces mélodies hivernales.

Les bons concerts s’enchaînent, j’entends déjà Maximo Park qui m’entraîne à travers la foule vers le devant de la Main Stage. Son éternel chapeau noir sur la tête, Paul Smith assure un concert à l’image de sa musique : simple et efficace. Certes prévisible, cette pop-rock dansante coule néanmoins à travers nos oreilles sans aucune réticence, à l’image des quelques bières avalées pendant ce temps. Je peux presque me vanter d’avoir passé un très bon moment.


Je file désormais au Club pour un groupe que j’attendais avec impatience depuis le début de la journée : Passion Pit. Place à de l’électro-pop colorée et joyeuse mais pourtant brillante et originale, comme en témoignent « Sleepyhead », « Little Secrets » ou « The Reeling » sur lesquels le chanteur, vocalement si particulier, nous transmettra toute sa bonne humeur. Cependant, je n’arrive pas à effacer un léger goût de déception à la fin du concert. Peut-être est-ce dû à mon niveau d’attente trop élevé suite aux nombreuses écoutes de leurs EP et LP, ou à la rapidité, malheureusement obligatoire, du concert.



Je n’ai pas de commentaire particulier à fournir concernant Busy P, ma curiosité et mon léger faible pour la musique Ed Banger, assez controversée, m’ont poussé vers la majestueuse Boiler Room. Je ne fus ni déçu ni enchanté, juste satisfait de ce set puissant et efficace.

La tension monte, l’un de mes concerts les plus attendus de l’année se rapproche, il s’agit évidemment de Grizzly Bear au sein du Club. Lorsque les quatre New-Yorkais font leur apparition, la salle s’enflamme et les accueille aussi chaleureusement que la critique unanime avec Veckatimest, leur dernier album. Une question logique traverse ensuite mon esprit : « comment arriveront-ils à satisfaire de telles attentes ? » Attentes légitimes au vu de la grandeur de leur œuvre. Cette appréhension sera immédiatement effacée lors des premiers envols vocaux d’Ed Droste qui, combinés à la voix tout aussi singulière de Daniel Rossen, transcendent le public sans aucun mal avec « Southern Point ». C’est avec la même facilité et le même génie qu’ils enchaînent avec « Two Weeks », « While You Wait For The Others » ou encore « The Knife ». Un concert déconcertant, qui confirme toute mon admiration pour ce groupe en qui je reconnais déjà l’une des formations majeures de ce demi-siècle, toute forme de sensationnalisme mise à part. La journée est cependant loin d’être finie, allons s’extasier devant Beirut. Décidément, l’affiche du Pukkelpop 2009 se passe de tout commentaire si ce n’est : richesse, variété, originalité, cohérence.



Mais je reviens à Beirut car il s’agit, contre toute attente, de mon concert de la journée. Légèrement partagée, la critique de leur dernière apparition en Belgique (si je ne me trompe) qualifiait leur concert d’ « inégal » voire « décevant ». Peu importe, les traces laissées par les écoutes de « Gulag Orkestar » et « The Flying Club Cup » dans mes oreilles me poussent vers le Marquee sans aucune hésitation. Et heureusement, car Zach Condon fut absolument magistral. Un grand concert, si je puis le définir, doit apporter une dimension nouvelle aux compositions présentes sur le disque : la réalité directe des émotions transmises par le groupe. Avec « A Sunday Smile », servie par la voix triste et tremblante de Zach, toute la mélancolie et la nostalgie d’un seul homme se sont révélées, de manière sincère et déstabilisante. Ce sentiment de tristesse m’a envahi progressivement durant tout le concert, sans trop savoir comment ni pourquoi, je me suis simplement laissé bercer par cette émotion jusqu’à la fin. Bouleversant et juste, humble et brillant, Beirut marque ici l’un des plus beaux moments musicaux de mon existence.


Cette immense journée devait encore m’apporter un dernier cadeau avec My Bloody Valentine, groupe culte dans le courant, inconnu pour ma part, du « Shoegaze », il me tardait de découvrir ce style via l’un de ses plus éminents représentants. Difficile de décrire exactement ce qu’il s’est passé durant ce concert : une véritable bulle sonore s’est emparée du Marquee en plongeant les spectateurs subjugués dans une cacophonie hors du commun. Il faut s’attarder à déchiffrer, au milieu de ce torrent de sons et d’images (projetées derrières le groupe sur grand écran), les différentes notes et accords prouvant que ces gars-là ne sont pas ici que pour faire du bruit. L’envie de détruire toutes nos barrières auditives semble évidente. A coups de pédale d’effet, My Bloody Valentine frappe sur le conformisme musical et va jusqu’à reproduire la même note pendant une vingtaine de minutes avec une puissance presqu’étouffante. Je ne peux me positionner parmi ceux qui considèrent cette musique bruyante et sans intérêt. Impressionné par tant d’énergie et de violence sonore au premier abord, enchanté ensuite par des sons plus imperceptibles, je garderai de ce concert un excellent souvenir. Ma première expérience avec le Shoegaze fut réussie.


Je suis ensuite rentré au camping dans un état indescriptible, bercé entre un sentiment de joie intense et d'incompréhension générale.