mardi 30 août 2011

Rock en Seine, ou comment je me suis réconcilié avec les festivals



Situé aux portes de Paris, le festival de Rock en Seine peut se targuer d'une envergure internationale. Fait rare pour un festival français : le nom est simple et catchy, jouant sur la similarité phonétique entre la source d'un concert, et le fleuve qui le borde. Ca nous change des noms comme "Les vieilles charrues" ou "Le chien à plumes", qui sont eux probablement issus d'une private joke ayant suivi une importante inhalation de cannabis.


Il n'est guère aisé de faire vivre un festival en pleine ville, où la logistique revêt une importance capitale . Pensez aux parkings, aux infrastructures, au montage des scènes, aux accueils des groupes et de leur tonne de matériel, aux accès des festivaliers, aux sorties de secours, au camping et j'en passe. Pour sûr, dans un grand champs flamand où personne ne passe jamais, sinon un troupeau de vaches deux fois par an, ces considérations ne donnent pas lieu à des migraines ou des crises d'angoisse ! Et je ne vous parle pas des pétitions de riverains. Dont acte ; les organisateurs de Rock en Seine méritent qu'on leur tire un coup de chapeau. Reconnaissons également le grand rôle joué dans cette aventure par André Le Nôtre, jardinier de Louis XIV. C'est lui qui, au 17e siècle, avait dessiné à Saint-Cloud des jardins suffisamment vastes, en prévision du festival qui s'y déroulerait plus de 300 ans plus tard. Quel visionnaire !


L'accès au site se fait principalement via les transports en commun , et les bonnes vieilles chaussures de marche. Pour un festival de cette ampleur, la circulation locale n'est que très peu perturbée par l'afflux de fêtards. Le chemin d'entrée se fait uniquement via un court tunnel, assez large que pour éviter un effet Love Parade. Toutes mes excuses vont aux familles des victimes de cette catastrophe, que cette vanne n'aura pas fait rire, ainsi qu'aux rescapés de toute origine, qui eux me comprendront, puisqu'à présent j'en suis un moi-même. La disposition des infrastructures, disséminées aux quatre coins du site, rend aisée la circulation d'une scène à l'autre. Il est d'autant plus agréable de se balader que l'endroit reste étonnamment très propre pour un festival qui accueille 35,000 personnes par jour. Je parle d'étonnement, car le festivalier français a souvent la réputation d'être très dissipé. Mais le public de Rock en Seine refuse de porter cette veste peu glorieuse, et le festival mériterait que je lui décerne le Teddy d'Or de la propreté, si seulement j'avais inventé une cérémonie de récompenses pour festivals ; je vous rassure, ma mégalomanie ne va pas encore si loin. Je puis par contre vous donner quelques raisons qui font de ce festival un modèle de l'hygiène :

- Au bar, la bière ne se sert que dans des gobelets consignés. A un euro la consigne, vous n'avez pas envie de le laisser traîner par terre.
- Les poubelles sont nombreuses et bien réparties. Pas comme à Dour, où il n'y en a qu'une seule pour tout le monde, qui là s'appelle aussi "camping".
- Le prix des denrées locales peut jouer son rôle : la bière coûte 3 euro, 5.5 pour 50cl, et on ne mange rien en dessous de 7 euro. Des prix qui n'encouragent pas à la consommation...

Au-delà de ces observations matérielles, c'est au public et sa nature peu extrême, que l'on doit ce respect de l'environnement immédiat. Outre les représentants locaux, qui viennent parce que c'est près de chez eux, la foule comprend surtout de vrais fans de musique, de tout âge, qui viennent avant tout pour écouter, et non pour ingurgiter. J'en veux pour preuve que les avant-scènes ne désemplissent jamais, et ce quel que soit l'artiste programmé. Au milieu de ce public sympa et familial, les vrais habitués des festivals "roots" sont très peu nombreux. Quant aux vertes pelouses, elles ne furent pas ternies par la boue ; il n'y eut qu'une seule averse, qui plus est durant le concert des BB Brunes. Comme quoi parfois, il se peut que le temps fasse bien les choses.


Dans "Rock en Seine", le mot "Rock" prend tout son sens, puisqu'il complète une grande partie de la programmation 2011. La scène électro est en effet peu présente, si ce ne sont Paul Kalkbrenner ou Etienne de Crécy, pour ne citer que les grands noms. Les styles alternatifs, reggae rap et j'en passe, sont représentés au compte-goutes. L'affiche présente un panel varié des principales subdivisions du rock, entre les références et les jeunes groupes aux dents longues. Voici en quelques lignes et par ordre chronologique, les principaux concerts auxquels j'ai assistés durant ces 3 jours de liesse parisienne :


Funeral Party. Ce frais quatuor américain au chanteur moustachu ne manque pas de peps. Certains titres de leur répertoire ont beaucoup de potentiel, il leur ne faudra cependant d'autres pour assurer une prestation qui ne se termine pas de façon impromptue, après 40 minutes à peine. Très bien, mais légèrement frustrant sur la fin.

Foo Fighters. Prévus jeudi en tête d'affiche, Dave Grohl et sa bande devaient initialement jouer 1h30. Le début du concert fut avancé d'un quart d'heure ... et la fin retardée d'autant, pour notre plus grand plaisir. Visitant l'ensemble de leur répertoire, faisant la part belle au somptueux dernier album, les Foo ont donné un exemple de concert, ne ralentissant jamais la cadence, et se permettant quelques impros sur des standards de Led Zeppelin ou Van Halen. Un véritable récital rock, qu'on n'espérait pas aussi puissant, et pour ma part le meilleur concert du festival.

Cage the Elephant. Une des découvertes de l'année, que ce groupe américain prodiguant un garage rock psychédélique digne de la grande époque. Ils ont assuré, en grande forme, et sous un soleil estival qui ne fit qu'embellir le tableau.

Austra. Formation canadienne exclusivement féminine, si ce n'est un claviériste très efféminé, mais qui n'en reste pas moins "un" claviériste. Une meneuse blonde qui pose sa voix perçante et envoûtante sur des mélodies synthétiques rappelant la grande époque de Human League, accompagnées par des choristes qui donnent plus de présence que de voix. Ce fut tout de même plus que potable.

Interpol. Les leaders du cold rock anglais se gardèrent la première moitié du concert pour s'échauffer. La seconde fut très emballante.

Sexy Sushi. On savait Rebecca Warrior complètement déjantée. Mais pas au point d'escalader les structures de la scène, ou d'insulter les Arctic Monkeys en criant "à mort !". Pour le reste, ce fut un show de fêlés à leur image, du catcheur masqué en slip qui trucide une plante, aux intrusions sur scène de spectatrices à moitié nues. Un peu de folie dans un monde de mélomanes, ça ne peut jamais faire de tort.

The Wombats. Plus on les voit, plus on les aime. Du rock énergique, parfaitement en place, idéal pour rendre vie à nos pieds meurtris avant la promenade retour de 5km, puisque les anglais clôturaient le samedi.

The Vaccines. Je les avais trouvés excellents à Werchter, mais les Londoniens m'ont paru moins en forme sous le ciel de Paris. Leur recette fonctionne, mais peut entraîner une lassitude proportionnelle au nombre de fois où on les voit sur scène.

Deftones. Une valeur sûre du metal, en concert comme en festival. Sauf qu'en festival, ils n'ont droit qu'à une heure de scène, et devraient dès lors cibler davantage leur playlist sur les titres qui ont fait d'eux ce qu'ils sont. L'air de Paris leur a inspiré un set relativement "calme", et l'appréciation qu'on en donne dépend fortement de l'humeur du moment.

Archive. Tout festival a sa claque. Mais c'est une grosse mandale qu'a donné le collectif, au complet et accompagné par un orchestre symphonique. Une prestation intense et poignante de presque deux heures, comme eux seuls peuvent en prodiguer. De quoi nous rappeler la place qu'ils ont occupée sur nos platines et dans nos têtes ces dix dernières années. On ne pouvait espérer plus belle fin de festival.


Je ne pouvais quant à moi espérer plus belle fin pour un été qui ne fut pas toujours ensoleillé. Certes, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, et je suis toujours en mesure de succomber à vos multiples insistances, mais il est fort probable que c'est ce Rock en Seine qui clôturera ma tournée 2011. Comme on dit dans ces cas-là : au revoir, à l'année prochaine, et merci !


Rock en Seine 2011
+: affiche, prix du billet, site
- : prix des consommations


samedi 20 août 2011

Pukkelpop 2011, mon témoignage.



Que puis-je ajouter à tout ce qui a déjà été dit ?


Je voue une intense passion pour les festivals. D'abord pour le côté mélomane, le fait de découvrir en chair et en os des artistes découverts sur CD, et d'autres inconnus, mais auxquels on ne tardera pas à s'intéresser. Ensuite, l'ambiance d'un bon festival est incomparable. C'est un petit éden terrestre, créé pour l'occasion, loin de la monotonie quotidienne. On y fait des rencontres spontanées, on y vit des anecdotes qu'on s'empresse de raconter à notre retour. Les conditions ne sont pas toujours optimales, entre l'hygiène minimale, la pluie qui s'en mêle, et les nuits parfois inconfortables. Cela fait partie de l'univers festivalier, et on s'en accommode fort bien.


Mais jamais je n'aurais imaginé vivre un truc pareil.

Jeudi midi. Après un mercredi soir arrosé, je m'étais réveillé avec ce petit quelque chose dans le crâne et le bas du ventre, de ceux qui nous font regretter l'abus de canettes, et le manque de condition physique. Le soleil imposait sa présence sur le site, et tapait sur mes tempes. Après avoir tant pesté contre le mauvais climat de cet été, je n'allais pas me plaindre.


Un Dafalgan et un Immodium plus tard, nous étions en route vers le site. Il devait être aux alentours de 13heures. Mathieu m'a proposé d'aller voir Trophy Wife, sous la scène du château. Sous le toit sombre de ce chapiteau, l'air était chaud et moite, mais au moins étions-nous à l'abri du soleil. Et le concert fut très agréable. Ensuite, nous avons vu tour à tour Noah and the Whale sous la Marquee, Yelle sous la Dance Hall et The Wombats, à nouveau sous la Marquee. Le Pukkelpop est un festival où les concerts s'enchainent, il ne faut pas rechigner à marcher quelques kilomètres sur la journée.


A peine terminé l'excellent concert de The Naked and Famous, sous la scène du Club, débutait la prestation de Skunk Anansie, sur la Main Stage, juste en face. Les crachements de guitare et la puissante voix de la chanteuse Skin résonnaient dans toute la plaine, alors qu'au dessus de nos têtes, le soleil se parait d'un collier de nuages grisâtres, pour la première fois de la journée. Quelques gouttes tombèrent durant le concert, mais vraiment pas de quoi effrayer un chat. Etant courts vêtus, nous voulions tout de même rentrer au camping, et nous changer avant la soirée.


Peu avant 18heures, le ciel s'assombrit quelque peu. Mais sur scène, le groupe se déchainait. A son habitude, Skin se faisait porter par le public, entonnant le refrain de Weak. Vint ensuite Hedonism, un petit bijou. D'abord partants pour le camping, nous avons finalement convenu de retourner nous abriter sous le Club, une fois la chanson terminée. Sur le trajet entre les deux scènes, le vent s'est soulevé, et petit à petit, la pluie a envahi le site. Nous croisions des festivaliers ayant sorti leur poncho, d'autres s'abritant sous une porte de cabine WC, dévissée pour l’occasion. Et se dirigeant vers la main stage, où le concert n'était pas terminé. Personne et pas même nous n'imaginions ce qui était sur le point de se produire.


Les rafales ont débuté lorsque nous nous sommes abrités sous le Club. La foule sur les bords du chapiteau était dense, nous nous sommes donc engouffrés vers le fond, près de la scène, où une ouverture dans la toiture me permettrait de voir ce qui se passait dehors. La tempête s’est formée très vite. La bâche servant de toiture ondulait sous les courants d’eau qui se formaient en son sommet. Les pylônes servant à soutenir l’infrastructure en son centre tremblaient de plus en plus fort. Des vagues de cris nous parvenaient d’un peu partout, et dehors, je ne voyais déjà plus rien, sinon les violentes bourrasques qui déchiraient le ciel. Les barrières Nadar soutenant le coté du chapiteau se mirent à danser, et certains festivaliers les agrippèrent de toutes leurs forces pour qu’elles ne tombent pas. A cet instant, j’ai compris que nous avions affaire à quelque chose d’inhabituel. Des jets de pluie me fouettèrent le visage, il y eut quelques mouvements de panique vers l’extérieur, alors que d’autres personnes se réfugièrent sur la scène. Miles Kane, l’artiste devant alors se produire au Club, fit son apparition et tenta de calmer la foule. Et au dessus de ma tête, l’eau accumulée exerçait une épouvantable pression sur la bâche. Je me suis senti terriblement impuissant. Aucun réflexe de survie ne me vint à l’esprit, et pour cause, il n’y avait rien à faire. Juste attendre que ça se termine, et prier pour que l’infrastructure tienne le choc.


Après une dizaine de minutes, l’orage sembla se calmer. Mais l’eau continuait à peser sur la bâche, et à dévaler par cascades sur les côtés. Des membres du service de sécurité sont apparus sur la scène, et par de véhéments mouvements de bras, ont incité le public à sortir de là au plus vite. Alors que certains hésitaient encore, nous nous sommes dirigés dehors, et nous avons mis les pieds dans un véritable marécage. Il ne pleuvait plus, le ciel avait regagné son calme, mais pas une seule parcelle de la plaine n’était inondée. Nous dirigeant calmement vers l’entrée du site, nous croisions des festivaliers encore très peu paniqués. Nous étions nous-mêmes dans un état relativement calme, croyant qu’il ne s’agirait que d’une sacrée anecdote à raconter. Mais en regardant autour de nous, l’importance de la catastrophe nous apparut de plus en plus clairement. Des arbres arrachés, abattus sur certains stands, des pylônes écroulés sur le sol, des branches éparpillées sur toute la plaine, des flaques de boue formant de véritables étangs. Un désordre que je n’aurais jamais envisagé. Mais c’est en voyant que la scène du Château, là où nous étions encore en début d’après-midi, s’était tout simplement écroulée, que j’acquis la conviction qu’il y avait des victimes. Et que le festival était terminé.


Je pris conscience qu’il était 19h et que les journaux télévisés n’allaient pas tarder à relayer l’information. J’ai tenté de contacter ma famille, pour les rassurer. En vain car le réseau était déjà saturé. En temps normal, les sms ont déjà beaucoup de mal à passer, alors dans de telles conditions… Ayant la certitude que le festival ne s’en relèverait pas, nous avons emboité le pas de la foule vers le camping. Là, l’état du sol était encore bien pire. De véritables ruisseaux s’étaient formés dans les allées, nous avions de l’eau jusqu’aux chevilles. Beaucoup de tentes étaient inondées, certaines s’étaient même envolées. Par chance, la mienne avait résisté, mais celle de Mathieu était sous eau. Il nous a fallu trois heures, et deux allers-retours vers le parking, pour remballer nos affaires. Dans le camping, beaucoup de festivaliers insouciants continuaient à afficher un air de fête. Une fois passée la mélasse du camping, la route nous apparut comme un long chemin de chaos. Les ambulances défilaient à toute vitesse, entre les festivaliers chargés jusqu’aux épaules, dont beaucoup tentaient de joindre leurs proches, le téléphone à l’oreille. Des parents aux abois parcouraient l’avenue à la recherche de leurs enfants, et les policiers tentaient tant bien que mal de préserver un semblant d’ordre sur la chaussée. Les nouvelles se propageaient de bouche à oreille, mais étaient très confuses. On ne savait encore rien du nombre de victimes, si ce n’était la certitude qu’il y avait des défunts. De temps à autre, le réseau téléphonique revenait. Je parvins ainsi à prévenir ma petite amie et mes parents que j’étais en bonne santé, et je reçus quelques sms d’amis, venant aux nouvelles. Il était 23h lorsque toutes mes affaires furent chargées dans la voiture. Je me préparai alors à quitter cet endroit de désolation.


Deux jours ont passé, mais le choc reste présent. Je m’en sors indemne, mais la peur rétrospective me gagne, sachant que je ne dois mon salut qu’au hasard. J’aurais très bien pu, comme d’autres infortunés, me trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Je pense très fort aux victimes, et à leurs familles, qu’aucune parole ne peut réellement soulager. Je suis convaincu que les organisateurs n’ont rien à se reprocher. Une telle apocalypse, à cet endroit, était imprévisible, et aussi solides soient les infrastructures, le risque zéro n’existe pas. J’aime les festivals pour ce qu’ils sont, et pour ce qu’ils doivent rester. Je retournerai sans doute au Pukkelpop, puisse-t-il y avoir de prochaines éditions, mais je ne pourrai m’empêcher de penser à cette édition 2011. Ce qui s’y est produit, et ce à quoi j’ai échappé, resteront dans ma mémoire.






lundi 8 août 2011

Esperanzah!, un ailleurs à deux pas

Tu aimes les affiches ornées de grosses têtes précieuses ? Tu jouis de taper dans tes mains sur les hymnes radiophoniques, au milieu de 50,000 autres adeptes ? Tu goûtes aux sodas transfrontaliers en empilant les gobelets sur ton épaule ? Et enfin, la curiosité ne fait pas partie de tes qualités ? Si tel est le cas, alors Esperanzah! n'est pas fait pour toi. Cet été, le festival le plus "roots" de Wallonie a soufflé sa dixième bougie. Une longévité méritée pour un concept rare à cette échelle, qui cette année encore aura ravi les amateurs d'exotisme de proximité.





Esperanzah!, c'est avant tout un état d'esprit. La formule est assurément aisée, mais on ne peut plus contextuelle. Tout d'abord, je défie quiconque d'affirmer connaître la moitié des noms de l'affiche. La musique du monde n'est pas de celles qui remplissent les ondes, les bacs de la Fnac ou les étagères des disquaires. Elle offre cependant l'opportunité de nourrir ses tympans de sons dépaysants. Ce n'est pas ici que vous verrez Stromae ou Puggy, et c'est tant mieux ; avec tout mon respect, ces artistes sont suffisamment programmés en d'autres plaines, et un peu de déracinement ne fait jamais de tort.


A Esperanzah, les scènes ne sont pas tout, et on peut très bien profiter de sa journée sans voir un seul concert. Tout d'abord, en se promenant dans les allées du "souk", sorte de bazar tropical où se succèdent les échoppes de vêtements, d'apparats, et les étals de nourriture du bout du monde. Au passage, le guide Michelin des festivals décernerait 4 fourchettes à celui de Floreffe. On mange bien et à sa faim, pour un prix adéquat. Ensuite, on peut visiter le village associatif, lieu d'ouverture et de prise de conscience, où se réveille le citoyen enfoui en nous. Il est également possible d'assister à des séances de cinéma, ou de visiter le site à bord d'un petit train touristique. Vous l'aurez compris, les multiples activités proposées en cet endroit rendent l'ennui inaccessible. Et si vous n'aspirez qu'à vous poser, le côté jardin offre des pelouses où il est confortable de poser son fessier tout en sirotant une bière local, et en écoutant la musique jouée sur scène. Pour autant que le soleil soit de la partie... et c'est le majeur défaut d'Esperanzah, davantage tributaire du climat qu'un festival ordinaire. Si le temps est au beau fixe, le cadre est paradisiaque. Mais dès que la pluie s'en mêle, le beau monde s'écroule, on ne sait plus quoi faire ni où se mettre.


Le camping se situe au pied de la butte où se déroulent les festivités. Entre les deux, il n'y a qu'un pont à traverser, et une ruelle à emprunter. La propreté y règne autant que sur le site ; à ma connaissance, c'est le seul camping de festival où des bénévoles font le tour des tentes pour ramasser les déchets (pour obtenir le même résultat à Dour, il faudrait réquisitionner l'armée...). La nuit venue, l'endroit ne souffre pas d'excès de nuisance sonore, une simple paire de bouchons vous permettra de passer une agréable nuit complète. Malgré ces indéniables qualités, j'ai quitté le campement avec un goût amer en bouche ... Tout d'abord, à cause de l'altercation dont je vous faisais part dans le précédent article. Ensuite, parce qu'un vil vandale avait déjà tailladé ma tente la veille, d'un coup de lame appuyé et purement gratuit. J'ai tendance à penser qu'il ne s'agit que d'un manque de bol résultant de deux faits isolés. Cependant, d'autres témoignages recueillis tendent à faire pencher la balance du côté obscur.


Bien sûr, l'endroit est gardé par des professionnels. Mais leur vigilance, aussi aiguisée soit-elle, n'est pas sans limite. Une fois les barrières franchies, il n'est ainsi pas rare de croiser un campeur sans bracelet, ayant réussi à pénétrer en fraude. Quant à moi, je n'ai pas été fouillé une seule fois lors de mes nombreux passages, et ce malgré mes nombreux bagages. Les organisateurs prônent la tolérance et la convivialité, et c'est tout à leur honneur. Mais il ne faut pas pécher par naïveté : aussi nobles soient les intentions de départ, chaque festival attire son lot de campeurs mal intentionnés. Et entre une attitude cool et une autre nuisible, la limite peut parfois être mince.


En conclusion, Esperanzah! est un festival que je vous conseille vivement de découvrir. L'endroit est accueillant, et le dépaysement total. Toutefois, je préconise de ne faire les 3 jours que s'il vous est possible d'éviter de camper sur place. Dans le cas contraire, un seul jour suffira, compte tenu, en outre, que l'ambiance n'est optimale que si le temps est radieux. Et qu'en Belgique, entre un gouvernement fédéral et 3 jours de soleil à la suite, on ne sait même plus ce qu'on a vu en dernier ...


Esperanzah! 2011
+ : Ambiance, dépaysement, nourriture, multiplicité d'activités, confort et propreté
-: Sécurité dans le camping, impuissance face au mauvais temps.


dimanche 7 août 2011

Coup de griffe

Chers lecteurs et -trices, chers amateurs et -trices de festival,


Je reviens à l'instant d'Esperanzah!, où j'ai passé un fort agréable week-end. Je m'étendrai davantage sur le festival en lui-même dans le prochain article. En effet, si je ne suis pas un habituel des coups de gueule, ceci en est tout de même un.

Il concerne un groupe d'individus rencontrés dans le camping, ce soir-même au moment de partir, qui ont battu des records en matière d'incivisme et de mauvaise foi. Je vous résume leur comportement en quelques lignes, ensuite vous me féliciterez pour avoir gardé mon calme face à des énergumènes pareils :

1) On rentre dans ma tente lorsque je ne suis pas là
2) On me pique ma chaise de camping, et on s'assied dessus à cinq mètres de ma tente
3) Lorsque je reviens, on fait mine de rien. Cinq minutes plus tard, je remarque que ma chaise a disparu, et que celle sur laquelle est assis le voisin y ressemble étrangement.
4) Lorsque je viens aux nouvelles, on ose prétendre que "ce n'est pas moi qui l'ai prise".
5) Lorsque je récupère ma chaise, on hausse le ton, on m'insulte, en me faisant passer pour le mauvais.
6) On ne dit plus rien jusqu'à ce que je parte. Et là, on attend que je sois à 20 mètres avant de la rouvrir en faisant le malin. Bonjour le courage...


Ces mauvais voisins sans vergogne ni courage étaient au nombre de trois, un garçon, une première fille, et une seconde à lunettes, pour laquelle les qualificatifs péjoratifs, mais objectifs, ne manquent pas. Au point qu'il m'est difficile de lui accorder le statut de "fille". Vraiment, il n'est pas dans mes habitudes de me servir de ce blog pour faire mes sales lessives, mais lorsqu'on a en face de soi des gens aussi culottés et dépourvus de convivialité (voire de cerveau), il est purgatif de vouloir le faire partager.

Si ces grossiers merles lisent ces lignes (pour autant que cela ne dépasse pas leurs capacités intellectuelles), je voudrais qu'ils sachent à quel point je les plains d'avoir un si petit esprit. C'est à cause de gens comme ça que les festivals "roots" ont mauvaise réputation, et ils mériteraient d'en être radiés à vie.


Voilà pour le coup de griffe de l'été. Je vous promets d'en revenir aux bonnes choses dès le prochain article.



mardi 2 août 2011

Un samedi gris au village francomou

Se faire un avis sur les Francofolies de Spa nécessite de savoir dans quelle catégorie d'événements les placer. Pour une fête de ville, c'est clairement très sympathique. Mais sur l'échelle des festivals, on frise le zéro en matière d'aventure, de découverte et de dépaysement.

Au milieu du parcours festivalier, les Francofolies de Spa font figure de sortie de détente. Ce festival de la chanson française, et plus si affinités, se singularise d'abord par son public. Qu'il soit plus ou moins jeune, l'image qu'il renvoie se cramponne à la réalité quotidienne. Pauvre en mélange des genres, dénuée de tout cocktail de culture, la gente francofolle est avant tout locale. On ne traverse pas les frontières pour venir aux "francos", c'est à peine si l'on franchit les limites de sa province. L'accoutumance au bien-être caractérise une (majeure) partie de ce public. Allumez une clope sous la scène du "Dôme", pourtant située en plein air, et c'est toute la rangée de devant qui se retourne, et vous toise avec dégoût. Ces personnes n'ont pas connu les batailles de boue de Dour, ni les traversées caniculaires de la plaine de Werchter. Sans doute ne savent-elles même pas que cela existe.


En matière de musique, ce parterre citadin s'avère être peu gourmet. Spa attend ses "Francos" comme Mons son Doudou, Liège son 15 août, ou Namur ses fêtes de Wallonie. C'est la croix au calendrier qui marque le retour de la fête populaire, le temps des podiums, des tartiflettes servies dans des assiettes en carton, et des bancs communaux installés sous les tonnelles, sur lesquels s'empilent et se renversent les gobelets en plastique. Certes, les festivités s'accompagnent d'une affiche musicale, mais il en émane un lourd parfum de variété plébéienne, qui rappelle ces mornes soirées d'hiver à suivre les rediffusions de Taratata sur le petit écran. L'affluence spadoise est de celles qui suivent attentivement les grands médias, où elles découvrent les nouveautés musicales et les trucs qui mettent bien l'ambiance. Pour garnir le fond de la manne, les organisateurs appellent des chanteurs nationaux à renommée toute relative, affutés ou professionnels en devenir, et même parfois ceux qui sont en manque de scène. Mais qu'ils soient puissants ou misérables, ce sont souvent les mêmes qui reviennent d'année en année. Toutefois, tels des éclaircies transperçant les lourds nuages gris, de la même trempe que ceux qui ont orné le ciel spadois tout au long de cette édition 2011, quelques noms réussissent à attiser la curiosité des spectateurs affinés.


Cette année, pour certaines raisons... et d'autres, ma visite à Spa n'a duré qu'un simple samedi. Je suis donc en mesure de vous parler de l'intégralité des concerts auxquels j'ai assisté. J'ai débuté par les Tellers, groupe belge au style easy listening frais et enjoué, dont les compos se suivent et se ressemblent. J'aurais souhaité voir le duo électropop Curry & Coco, mais la pluie battante et une grippe latente me contraignirent à rester à l'abri. Je slalomai entre les goutes vers le Dôme, pour assister au concert de La Pompe Moderne. Ce pastiche de l'univers du grand Georges Brassens était exceptionnel, et parfaitement mis en place. Je plaignis toutefois le chanteur, qui avait dû apprendre par coeur les textes de Diams ou Amel Bent, tout en saluant son talent d'imitateur et la qualité de son postiche. Cocasse, anachroniquement décalé, ce concert valait à lui seul le déplacement à Spa ! Après un petit tour en ville, je revins sous le Dôme pour voir Cascadeur. Ce mystérieux Messin possède un univers propre et très mélancolique dans lequel il parvint, seul sur scène, à plonger l'audience. Créant ainsi un cocon virtuel, sur lequel ricochaient les basses de Stromae qui, un peu plus loin, faisait cracher son laptop devant 10,000 spectateurs en furie. Et puis c'en fut tout des Francofolies 2011. Dimanche, un ciel aussi triste que l'affiche du jour me poussa à ne pas quitter mon toit.


Pourvu que les dieux de la météo soient cléments, car ce week-end, c'est Esperanzah! qui m'attend ! Ouverture et zénitude seront les deux mots-clé de ce festival toujours ensoleillé !



mardi 26 juillet 2011

Dour 2011, le Hainaut a son Woodstock

Connu pour son ambiance éclectique et peu consensuelle, Dour est un festival que l'on ne fait habituellement pas pour l'affiche. Mais cette année, la programmation valait plus que jamais le détour.


Située à quelques encablures de la frontière française, entre terrils et éoliennes, la plaine de Dour offre un dépaysement total aux festivaliers qui l'arpentent durant les quatre jours de cet événement. La richesse et la diversité du line up en font un rendez-vous international, où les genres et les langues se mêlent entre eux. Parmi les quelques 200 concerts, on trouve rock punk et metal, rap et hip-hop, reggae, electro, et même de la variété française (pas toujours bien accueillie, Diams et les BB Brunes peuvent en témoigner), A Dour, on célèbre la fête autant que la musique.

Ce festival est également l'un des plus éprouvants de l'été. Les journées sont interminables, les nuits très courtes, et le confort réduit au minimum syndical. D'autant plus que cette année, la pluie a joué les incrustes tout le week-end, transformant certaines scènes en piscines, et la plaine en une énorme flaque de boue. Ce temps infect n'a pas arrangé l'état du camping et des cabines wc qui, même sous le soleil, se bidonvillisent rapidement. A Dour, la limite entre dilettantisme et incivilité est très étroite. Quant à la nourriture proposée sur la paine de la machine à feu, elle fait passer les repas d'hôpitaux au rang de menus gastronomiques. Dour, ce n'est vraiment pas pour les nareux.

Outre cette hygiène peu recommandable, le festival s'entache d'une mauvaise réputation concernant les substances illicites. "Le supermarché de la drogue", comme certains le surnomment, ne vole pas ce prestige peu glorieux, puisqu'il est aisé de s'y procurer quelque herbe ou pilule prohibée. A condition de chercher, car il n'est pas courant que les dealers fassent du racolage. Vous pouvez donc festoyer normalement, quatre jours durant, sans crainte d'être harcelés par de vils revendeurs. Ces quelques points négatifs suffiront aux parents paranoïaques pour interdire à leurs rejetons de se rendre au festival. Ce faisant, ils les privreont dune merveilleuse expérience sociale. Dans sa grande majorit. le public de Dour est de bon esprit. Il est aisé de lier connaissance avec les festivaliers, dont certains vous abordent sans aucun préjugé, comme des amis de longue date.

D'un point de vue organisationnel, on dénombre peu de retards ou d'annulations sur les 7 scènes que compte le festival. Cependant, la qualité du son est à déplorer plus souvent que de coutume, et les interférences entre les scènes sont courantes. D'ordinaire, Dour est un festival où l'on se rend avant tout pour l'ambiance, plus que pour l'affiche. Cette édition 2011 dérogeait à la règle, puisqu'elle proposait un des plus éblouissants line up de l'été. Il est humainement et matériellement impossible de voir tout, même pour votre ours préféré, qui a du se "contenter" d'une petite dizaine de concerts par jour. Parmi ceux-ci , j'ai retiré des coups de coeur, et des déceptions.


Top:


Foals. Avec un style propre situé quelque part entre Interpol et Two Door Cinema Club, ce groupe anglais a prodigué une prestation énergique et musicalement exquise. Une référence en devenir.

Klaxons. Même topo, dans un style un peu plus trash que les précédents. Un concert qui aura réveillé les membres les plus engourdis.

Syd Matters. Ces Français sont fans de Pink Floyd, et ça s'entend. Leur rock-folk mélo, agrémenté d'une voix chargée d'émotion, a fait mouche.

IAMX. D'année en année, le projet solo de Chris Corner s'affirme comme une valeur sûre du live. A Dour, l'ex-leader des Sneaker Pimps a choisi d'altérer les sons, et d'orner sa set list des titres les plus remuants de son répertoire.

Russian Circles. La grosse claque de Dour 2011. Du post rock à la sauce metal, alternant les rythmes, et parfaitement mis en place. C'était sulfureux!

Blood Red Shoes. un duo de potes à l'apparence de jeunes lycéens, mais qui en ont dans le ventre et qui dégagent une énergie peu commune.


Flop:


Tiga. Le DJ Canadien a opté pour un set clubhouse, aux sons industriels et répétitifs. Le résultat était aussi indigeste que les pains-mexicanos du stand d'à côté.

Pulp. Pour leur retour, la bande à Jarvis Cocker avait misé sur la forme, davantage que sur le fond. Le même Jarvis parlait sans cesse, et quand le groupe jouait, c'était sans grand rythme, et beaucoup trop propre.

Vitalic. Annoncé comme un des live du week-end, le Dijonnais n'a montré qu'une prestation bien flasque, peu aidé il est vrai par une acoustique beaucoup trop sourde.

The Drums. L'exemple type du groupe dont les concerts peinent à atteindre le niveau des albums studio. Guère plus que guillerette, leur prestation ne volait guère haut. Quant au chanteur, il en fait cent fois trop. Moins de chichis et plus de pêche, ce ne serait pas trop demander.


Parmi les autres concerts qui ont égayé ce week-end dourien, citons Arsenal, Boys Noize, Tahiti80, Mogwai, Les Petits Pilous, Yew, Suede, Suarez, Metronomy, Hercules & Love Affair. D'autres comme The Do, Yussuf Jerusalem, Saul Williams et Aaron, m'auront laissé perplexe.

What's next ? Après 4 jours aussi épuisants que réjouissants, un peu de repos m'attend ce week-end, aux Francofolies de Spa. Car croyez-en mon expérience, passer de Dour aux "francos", c'est comme revenir de Koh Lanta et participer à Motus.



Dour Festival 2011
+: Affiche, ambiance
-: accès, hygiène, nourriture, temps pourri (contre lequel, à leur décharge, les organisateurs ne pouvaient rien faire).

mardi 12 juillet 2011

Les Ardentes, mieux que sur papier




C'est en son cœur que Liège, cité ardente, accueille le festival du même nom depuis six éditions déjà. Cet événement urbain est également identitaire, puisqu'on y retrouve ce typique et incomparable esprit de fête qui fait la réputation de la cité aux cent clochers.


Et ça, les organisateurs l'ont bien compris. S'ils essayent encore, dans une mesure tout à fait relative, de programmer quelques vrais artistes mélomanes, ils remplissent l'affiche de noms avant tout ronflants. C'est ce que réclame le public local, en majeure partie composé de jeunes autochtones. Cette année, les scènes de Coronmeuse accueillaient ainsi les dernières tendances belges (Selah Sue, mais surtout Stromae), ainsi qu'une série de noms ancrés dans la mémoire collective (Limp Biskit, Sum 41, Snoop Dogg), dont l'actualité vierge n'a pas repoussé les festivaliers bouillonnants.


Comme pour démontrer cette affirmation par l'absurde, les mêmes scènes peinent à attirer la foule lorsque s'y produisent des artistes au style plus pointilleux. Citons Junip, la formation de José Gonzalez, musicien à la sensibilité exceptionnelle. Florent Marchet, le dandy de Bourges et sa pop folk franco-pétillante. Ou carrément The Human League, les pionniers de la synthpop anglaise, dont chaque prestation rappelle le manque d'originalité de nombreuses formations contemporaines. Pour ceux-là, le public des Ardentes préfère en général se presser au bar, ou devant le "Joe Pilar Saloon", sorte d'estaminet en pain d'épices, où entre chaque concert, un DJ fait péter des hymnes au tuning, sur lesquels se trémoussent des hôtesses sélectionnées sur base de leur fessier aguicheur. C'est ça, les Ardentes, une fête de la musique version Taratata, c'est-à-dire où la vraie musique ne tient qu'un rôle secondaire. A Liège, c'est la fête qui compte avant tout.


Les structures du festival peuvent également souffrir de sa qualité urbaine. Rapidement saturé, le parking est confié à de jeunes étudiants, ou bénévoles (ou les deux à la fois), qui laissent souvent les festivaliers motorisés se parquer n'importe où, n'importe comment. Et qui aux heures supplémentaires, préféreront laisser l'endroit sans surveillance, laissant vos pneus et vos carreaux à la merci du premier sauvageon venu (je n'invente rien, c'est mon expérience qui parle).


Parlant de structures, l'incendie du hall des foires l'hiver dernier a eu des bons côtés. Anciennement moite, obscur et peu accueillant, le hangar HF6 fut transformé en chapiteau géant, bien mieux aéré que par le passé, et de meilleure acoustique. Tandis que la troisième scène baptisée "aquarium" détonnait par son côté relaxant, intimiste et underground. Aux Ardentes, la diversité d'ambiance est de mise ! Et puis, comment ne pas évoquer la fameuse "route des saveurs", qui à l'heure du repas offre aux festivaliers l'embarras du choix. Exit les frites pas cuites, les hamburgers au pain sec et à la viande carbonisée, pour 5 ou 6 euro vous pouvez succomber à vos envies du moment ! Terminons cette liste d'indéniables qualités par l'entretien des coins wc. Ces rangées de cabines en plastique, dont l'aspect et l'odeur sont habituellement la terreur des festivaliers, sont nettoyées après chaque passage par un travailleur consciencieux, et surtout courageux. Du jamais vu, qu'on voudrait voir partout !


Côté musical, si l'affiche manquait globalement de profondeur, les concerts attendus furent à la hauteur des espérances. Dans un style propre et parfois kitsch, The Human League m'ont fait passer un agréable moment de détente électropop. Goose a donné un leçon de live electro à tous ces artistes arrivistes qui se contente d'allumer leur laptop au moment de monter sur scène. Kate Nash n'a pas besoin d'être sobre pour assurer une prestation bien mise en place, et à laquelle une bouteille de champagne dissimulée sous son piano a greffé une coloration étonnamment punk. Avec Sexy Sushi, c'est l'anarchie, représentée par des déguisement loufoques, des arrachages de t-shirt, des séances intensives de crowd surfing, et la décapitation en direct d'une pauvre plante verte. Enfin, je ne peux terminer sans remercier mon nouvel ami Kele, qui m'a accueilli sur scène et dans ses bras avec la jovialité qui le caractérise. En plus, son set était carrément jouissif.


S'il n'est pas le festival préféré des puristes, celui des Ardentes reste aéré, diversifié, et agréable à vivre de l'intérieur. Espérons toutefois qu'à l'avenir, les organisateurs ne glissent pas l'éclectisme à la trappe, pour accroître l'espace réservé au dancefloor pur et dur. Et à propos d'éclectisme, ma prochaine étape est un modèle du genre : dès ce jeudi, je vous attends nombreux au Dour Festival !



Les Ardentes 2011
+ : Nourriture, propreté, variété des ambiances
- : affiche globale, organisation du parking, public parfois dissipé

mardi 5 juillet 2011

Rock Werchter, what else ?



Une formule populaire prétend que "Werchter, c'est la Rolls des festivals". Cet aphorisme ne vaut réellement que pour la notion du luxe. Avec le prix de son pass 4 jours qui augmente d'année en année autant que le baril de pétrole en temps de guerre au Moyen Orient, la grosse cylindrée de Livenation n'est pas à la portée du premier portefeuille venu. Avec une certaine nostalgie, je me souviens de ma toute première édition. Sans ressources, je passais une heure chaque soir à ramasser les gobelets usagés traînant dans la plaine. C'était ça ou revendre mes pompes à l'entrée, pour m'offrir un durum à dix euro dans l'enceinte du site.


Hormis cet aspect financier, la juste métaphore automobile serait un Hummer plutôt qu'une Rolls Royce. Taille impressionnante, mais peu de flexibilité. Avec sa moyenne journalière d'une scène pour 50,000 festivaliers, le Rock Werchter ne doit sa fluidité "acceptable" qu'à une étendue des plus larges. Cette caractéristique ne s'appliquant pas aux devants de scène... A Werchter, voir Coldplay de près à 23h nécessite de gagner sa place dès midi. Si la raison l'emporte sur l'hystérie, vous devrez vous contenter de scruter le concert sur un écran géant, quelque(s) centaine(s) de mètres devant Chris Martin.


Certains disent de ce festival qu'il est le rassemblement d'une Flandre nationaliste, ce que je réfute totalement. Les manifestations sectaires sous forme de drapeaux au lion ou de slogans anti-francophones sont très dispersés, et cette année, je n'ai absolument rien vu de tel. Pour peu que vous vous adressiez à eux dans la langue de Koen Wauters, nos camarades flamands seront même très heureux de vous répondre en français.


Cette édition 2011 fut un millésime particulier. Pour la première fois depuis 3 ans, le mercure ne dépassa pas les 35 degrés. Quant aux averses, elles furent courtes et éparses. Le climat était donc idéal, sauf pendant la nuit, où la fraîcheur n'avait rien à envier à l'intérieur des boîtes frigo des festivaliers les mieux organisés (lesquels auront également prévu un bonnet et une grosse couverture, qu'ils ne vous prêteront pas, contrairement à leur pompe pour matelas).


Mais puisqu'avant tout, un festival est histoire de musique, voici le Top 5 des concerts auxquels j'ai assistés, parmi une affiche généralement moins relevée que les années précédentes. Notez que pour des raisons personnelles, je n'étais pas présent le vendredi ; ne vous insurgez donc pas de ne pas voir dans ce classement The National, White Lies, ou Kings of Leon. J'étais par contre bien présent dimanche, mais vous n'y verrez pas non plus les Black Eyed Peas *ahem*


5. The Vaccines

La nouvelle sensation du rock anglais applique ses influences à la perfection. Rien de tel qu'un concert aussi punchy pour se mettre en forme pour la journée !


4. Selah Sue

Sur laser, le style et la voix pincée de la Louvaniste me lassent au bout de quelques minutes. Mais sur scène, quel groove, quelle présence, et surtout : quel charisme pour ce petit bout de femme de 21 ans à peine. C'était la claque du week-end, bonsoir.


3. Two Door Cinema Club

Toujours aussi fringants et fougueux, ces mignons petits Irlandais méritent la première place de ce classement. Mais à force d'être au top, ils ne me surprennent plus. Deviendrais-je un ours mal léché ?


2. Fleet Foxes

Leurs harmonies folk et leurs fabuleux accords de voix ont soufflé un vent de magie sous la pyramide Marquee. Et le look aux cheveux soigneusement coupés, ça ne leur va pas si mal.


1. James Blake

Le nouveau prince de l'electronica, qui tel Mac Gyver, créé tout un monde à partir de rien. Un batteur, un sampleur, et ses deux claviers, ont suffit à plonger la marquee dans son univers frissonnant. La tâche était difficile, avec le brouhaha ambiant, et les Queens of the Stone Age qui se surpassaient sur la grande scène. Mission accomplie avec brio ; le festival aura rarement connu un concert aussi intimiste.


Bien sûr, toute pelouse a ses lombrics. J'aurais ainsi souhaité que Portishead ne soit pas programmé sur la main stage, qui n'était pas du tout contextuelle pour un style d'une si grande profondeur. J'attendais également davantage d'ouverture des Tame Impala, qui malgré une bonne prestation, m'ont semblé quelque peu absents... Et puis j'ai mal compris l'enthousiasme provoqué par Robyn, qui se la jouait sous-Madonna sur des compos dignes des Confetti's... Enfin, je retiendrai les délicieuses découvertes que furent Warpaint, et Jenny & Johnny.


Le week-end ne fut pas de tout repos, mais je tâcherai de reprendre des forces avant ma prochaine étape : les Ardentes liégeoises ! J'espère vous y croiser nombreux !


Rock Werchter 2011
+ : Affiche de la scène secondaire, camping
- : le prix, les Black Eyed Peas

mercredi 29 juin 2011

Rock a German Field


Situé au beau milieu de la campagne luxembourgeoise, le Rock A Field est un festival jeune, prenant de l'ampleur d'année en année. Le site, mais aussi l'affiche, s'agrandissent au fil des éditions.


Si la cuvée 2010 était chargée de noms ronflants (Gossip, Deftones, 30 seconds to Mars, Prodigy, pour ne citer que ceux-là), on peut se demander l'idée qui est passée par la tête des organisateurs pour 2011... Affiche moins alléchante sur papier, mais surtout orientée vers les goûts locaux, avec des groupes de Metal où la double pédale de grosse caisse donne l'impression qu'un ouvrier fait joujou avec un marteau-piqueur derrière la scène, mais aussi deux formations de rap, l'une luxembourgeoise, l'autre allemande. Avec Volbeat, De Läb, Die Fantastischen Vier et Bullet for my Valentine, le Rock A Field 2011 avait de sacrés relents d'Oberbayern... En conséquence, le public ne suivit pas. Le festival était loin d'être sold out, un plus pour notre confort puisque cela rendait le passage entre les scènes (et au bar) beaucoup plus fluide


Pour ce qui est de la tête d'affiche, les Arctic Monkeys furent loin d'être convaincants. Un jeu de scène inexistant, un éclairage minimalisé, une minute de pause entre chaque titre pour accorder les instruments ... la bande à Alex Turner joue comme sur une scène de village, et ne cartonne réellement que grâce à son noyau durs de fans, s'emparant de l'avant-scène, pendant que derrière, la foule commence déjà à quitter le site.


Irais-je jusqu'à regretter d'avoir passé mon dimanche là-bas ? Du tout, car la puissante prestation du collectif Arcade Fire valait à elle seule le déplacement. Le groupe Elbow, et son rock de gros nounours, me ravit également. Cette chaude journée était en outre une excellente préparation au Rock Werchter Festival qui arrive déjà ce jeudi ...



Rock A Field 2011, dimanche 26 Juin

+: Fluidité sur le site, Arcade Fire
-: Affiche, accès (voiture+bus+pieds)

lundi 13 juin 2011

Pinkpop Festival, ou comment débuter la saison de la meilleure des manières

La bête est lâchée !!

Après de longs mois d'abstinence, la nouvelle saison commence ! Et quoi de mieux pour débuter l'été qu'un festival référence ? Le Pinkpop se déroule aux Pays-Bas, à quelques envolées des frontières belge et allemande. La première édition date de 1969, soit l'année du légendaire Woodstock... ce qui en fait le plus ancien festival annuel au monde.


La comparaison s'arrête là, car les fréquentations respectives des deux festivals ne souffraient alors d'aucune comparaison. Même constatation vaut pour l'affiche ; encore aujourd'hui, je verrais mal Jimi Hendrix venir se perdre sur la main stage du Pinkpop... (ceci est la première vanne de la saison, je vous demanderai donc de faire preuve d'indulgence). En 42 ans d'existence, le festival de la pentecôte hollandaise a vu sa populace croître jusqu'à 60,000 personnes journalières. Populace dont j'ai fait partie ce dimanche 12 juin, pour mon plus grand plaisir !


En beaucoup de points, le Pinkpop est comparable à Werchter. Tout d'abord l'accès ; une route transformée en piétonnier, bordée d'arbres, dont les accotements sont garnis d'une ribambelle d'échoppes à bières, à crasses, à t-shirts rigolos et pas chers, qu'on achète sur un coup de tête et qu'on ne mettra finalement que 2 fois dans sa vie - certains les ramènent même pour les offrir, si ça c'est pas mesquin. Cette voie fait office d'ouverture vers le monde joyeux des festivals, l'équivalent pour les adultes de l'île aux enfants, celle où Casimir est sur scène et joue de la guitare comme un dieu.


Le site-même du pinkpop consiste en un immense vélodrome sur lequel on a placé 3 scènes. Surmontant l'endroit, une impressionnante piste de ski artificielle fait office de rampe vers un ciel bleu et ensoleillé (oui, on a eu de la chance avec le temps). Cette piste se termine en haut d'une butte, où la troupe de playmobiles qui observent le spectacle en hauteur ne désemplit pas de la journée. En bas, la masse de festivaliers se caractérise par une dominante rose, puisqu'une grande majorité d'entre eux portent le "bob" officiel du festival. Afin d'éviter toute condescendance avec vous, chers lecteurs, je vous dispense de la traduction du mot "pink".


Ces festivaliers comptent parmi les plus chauds qu'il m'ait été donné de fréquenter. L'ambiance lors des concerts atteint l'excellence, et la bonne humeur générale en font un des meilleurs publics de l'été. Lors des mouvements de foule, aucune sardine ne se plaint, ce qui n'est pas plus mal... car une fois venue l'heure des têtes d'affiche, la fluidité devient extrêmement épineuse. Le peuple se presse en masse au devant des scènes, dont 2 sur 3 sont juxtaposées, rendant impossible le passage de l'une à l'autre entre les concerts.


Parlons-en, des concerts ! Tout excité à l'heure d'enfin débuter ma tournée, ma motivation fut quelque peu refroidie après avoir vu Hurts. C'était loin d'être mauvais, mais ce style de pop - très - mélancolique engourdit le cerveau, ankylose le moral, ramollit la fête. Chaque chose à sa place, et chaque concert à son contexte ; une prestation des Mancuniens en salle, un soir en semaine, doit être bien plus appréciable. Heureusement, les Hanson étaient là pour relancer la gaité, devant un public surchauffé qui, bizarrement, quitta la scène en masse avoir avoir entendu leur seul et unique tube, "Mmm Bop". Sale coup pour la fratrie la plus célèbre des années 90, dont la prestation fut malgré tout très amène, pour un groupe qu'on croyait dissous depuis des lustres.


Un durum plus tard, j'assistai aux prestations énergiques de Cage the Elephant et Wolfmother ; je vous parlais de Woodstock, ces derniers en avaient le style.. Puis ce fut l'heure des White Lies, toujours aussi convaincants, et dont le statut de tête d'affiche s'affirme d'année en année. La cohue m'empêcha de rejoindre la scène couverte pour m'éclater au son des Bloody Beetroots, je restai donc bien placé en attendant les Kings of Leon. Ce fut, sans surprise, le concert de la journée, d'un groupe devenu une référence du genre. Un concert dont l'ambiance monta crescendo, jusqu'à l'apothéose sur "Sex on fire" repris en coeur par 60,000 de personnes. Le chanteur Caleb Followill eut ensuite ces mots : "Thank you so much, I just spent one of the greatest moments of my life".


Cette prestation bien trempée clôturait déjà la journée... car au Pinkpop, on coupe tout à 22h30 tapantes - certains festivals débutent seulement à cette heure-là... Cette escapade hollandaise restera néanmoins ma meilleure ouverture de saison à ce jour. Je vous conseille vivement de tenter le Pinkpop l'année prochaine, d'autant que ce n'est pas si éloigné qu'on pourrait le penser ! Vous m'y croiserez peut-être, comme vous pourrez me rencontrer lors du prochain festival de ma tournée 2011 : le Rock-A-Field, à Luxembourg, dimanche 26 juin (il reste des places, mais ne tardez pas trop!).



Pinkpop Festival,
Landgraaf (Pays-Bas)
12 juin 2011


+: Affiche, public

-: Disposition de scène couverte