mardi 12 juillet 2011

Les Ardentes, mieux que sur papier




C'est en son cœur que Liège, cité ardente, accueille le festival du même nom depuis six éditions déjà. Cet événement urbain est également identitaire, puisqu'on y retrouve ce typique et incomparable esprit de fête qui fait la réputation de la cité aux cent clochers.


Et ça, les organisateurs l'ont bien compris. S'ils essayent encore, dans une mesure tout à fait relative, de programmer quelques vrais artistes mélomanes, ils remplissent l'affiche de noms avant tout ronflants. C'est ce que réclame le public local, en majeure partie composé de jeunes autochtones. Cette année, les scènes de Coronmeuse accueillaient ainsi les dernières tendances belges (Selah Sue, mais surtout Stromae), ainsi qu'une série de noms ancrés dans la mémoire collective (Limp Biskit, Sum 41, Snoop Dogg), dont l'actualité vierge n'a pas repoussé les festivaliers bouillonnants.


Comme pour démontrer cette affirmation par l'absurde, les mêmes scènes peinent à attirer la foule lorsque s'y produisent des artistes au style plus pointilleux. Citons Junip, la formation de José Gonzalez, musicien à la sensibilité exceptionnelle. Florent Marchet, le dandy de Bourges et sa pop folk franco-pétillante. Ou carrément The Human League, les pionniers de la synthpop anglaise, dont chaque prestation rappelle le manque d'originalité de nombreuses formations contemporaines. Pour ceux-là, le public des Ardentes préfère en général se presser au bar, ou devant le "Joe Pilar Saloon", sorte d'estaminet en pain d'épices, où entre chaque concert, un DJ fait péter des hymnes au tuning, sur lesquels se trémoussent des hôtesses sélectionnées sur base de leur fessier aguicheur. C'est ça, les Ardentes, une fête de la musique version Taratata, c'est-à-dire où la vraie musique ne tient qu'un rôle secondaire. A Liège, c'est la fête qui compte avant tout.


Les structures du festival peuvent également souffrir de sa qualité urbaine. Rapidement saturé, le parking est confié à de jeunes étudiants, ou bénévoles (ou les deux à la fois), qui laissent souvent les festivaliers motorisés se parquer n'importe où, n'importe comment. Et qui aux heures supplémentaires, préféreront laisser l'endroit sans surveillance, laissant vos pneus et vos carreaux à la merci du premier sauvageon venu (je n'invente rien, c'est mon expérience qui parle).


Parlant de structures, l'incendie du hall des foires l'hiver dernier a eu des bons côtés. Anciennement moite, obscur et peu accueillant, le hangar HF6 fut transformé en chapiteau géant, bien mieux aéré que par le passé, et de meilleure acoustique. Tandis que la troisième scène baptisée "aquarium" détonnait par son côté relaxant, intimiste et underground. Aux Ardentes, la diversité d'ambiance est de mise ! Et puis, comment ne pas évoquer la fameuse "route des saveurs", qui à l'heure du repas offre aux festivaliers l'embarras du choix. Exit les frites pas cuites, les hamburgers au pain sec et à la viande carbonisée, pour 5 ou 6 euro vous pouvez succomber à vos envies du moment ! Terminons cette liste d'indéniables qualités par l'entretien des coins wc. Ces rangées de cabines en plastique, dont l'aspect et l'odeur sont habituellement la terreur des festivaliers, sont nettoyées après chaque passage par un travailleur consciencieux, et surtout courageux. Du jamais vu, qu'on voudrait voir partout !


Côté musical, si l'affiche manquait globalement de profondeur, les concerts attendus furent à la hauteur des espérances. Dans un style propre et parfois kitsch, The Human League m'ont fait passer un agréable moment de détente électropop. Goose a donné un leçon de live electro à tous ces artistes arrivistes qui se contente d'allumer leur laptop au moment de monter sur scène. Kate Nash n'a pas besoin d'être sobre pour assurer une prestation bien mise en place, et à laquelle une bouteille de champagne dissimulée sous son piano a greffé une coloration étonnamment punk. Avec Sexy Sushi, c'est l'anarchie, représentée par des déguisement loufoques, des arrachages de t-shirt, des séances intensives de crowd surfing, et la décapitation en direct d'une pauvre plante verte. Enfin, je ne peux terminer sans remercier mon nouvel ami Kele, qui m'a accueilli sur scène et dans ses bras avec la jovialité qui le caractérise. En plus, son set était carrément jouissif.


S'il n'est pas le festival préféré des puristes, celui des Ardentes reste aéré, diversifié, et agréable à vivre de l'intérieur. Espérons toutefois qu'à l'avenir, les organisateurs ne glissent pas l'éclectisme à la trappe, pour accroître l'espace réservé au dancefloor pur et dur. Et à propos d'éclectisme, ma prochaine étape est un modèle du genre : dès ce jeudi, je vous attends nombreux au Dour Festival !



Les Ardentes 2011
+ : Nourriture, propreté, variété des ambiances
- : affiche globale, organisation du parking, public parfois dissipé

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