lundi 8 août 2011

Esperanzah!, un ailleurs à deux pas

Tu aimes les affiches ornées de grosses têtes précieuses ? Tu jouis de taper dans tes mains sur les hymnes radiophoniques, au milieu de 50,000 autres adeptes ? Tu goûtes aux sodas transfrontaliers en empilant les gobelets sur ton épaule ? Et enfin, la curiosité ne fait pas partie de tes qualités ? Si tel est le cas, alors Esperanzah! n'est pas fait pour toi. Cet été, le festival le plus "roots" de Wallonie a soufflé sa dixième bougie. Une longévité méritée pour un concept rare à cette échelle, qui cette année encore aura ravi les amateurs d'exotisme de proximité.





Esperanzah!, c'est avant tout un état d'esprit. La formule est assurément aisée, mais on ne peut plus contextuelle. Tout d'abord, je défie quiconque d'affirmer connaître la moitié des noms de l'affiche. La musique du monde n'est pas de celles qui remplissent les ondes, les bacs de la Fnac ou les étagères des disquaires. Elle offre cependant l'opportunité de nourrir ses tympans de sons dépaysants. Ce n'est pas ici que vous verrez Stromae ou Puggy, et c'est tant mieux ; avec tout mon respect, ces artistes sont suffisamment programmés en d'autres plaines, et un peu de déracinement ne fait jamais de tort.


A Esperanzah, les scènes ne sont pas tout, et on peut très bien profiter de sa journée sans voir un seul concert. Tout d'abord, en se promenant dans les allées du "souk", sorte de bazar tropical où se succèdent les échoppes de vêtements, d'apparats, et les étals de nourriture du bout du monde. Au passage, le guide Michelin des festivals décernerait 4 fourchettes à celui de Floreffe. On mange bien et à sa faim, pour un prix adéquat. Ensuite, on peut visiter le village associatif, lieu d'ouverture et de prise de conscience, où se réveille le citoyen enfoui en nous. Il est également possible d'assister à des séances de cinéma, ou de visiter le site à bord d'un petit train touristique. Vous l'aurez compris, les multiples activités proposées en cet endroit rendent l'ennui inaccessible. Et si vous n'aspirez qu'à vous poser, le côté jardin offre des pelouses où il est confortable de poser son fessier tout en sirotant une bière local, et en écoutant la musique jouée sur scène. Pour autant que le soleil soit de la partie... et c'est le majeur défaut d'Esperanzah, davantage tributaire du climat qu'un festival ordinaire. Si le temps est au beau fixe, le cadre est paradisiaque. Mais dès que la pluie s'en mêle, le beau monde s'écroule, on ne sait plus quoi faire ni où se mettre.


Le camping se situe au pied de la butte où se déroulent les festivités. Entre les deux, il n'y a qu'un pont à traverser, et une ruelle à emprunter. La propreté y règne autant que sur le site ; à ma connaissance, c'est le seul camping de festival où des bénévoles font le tour des tentes pour ramasser les déchets (pour obtenir le même résultat à Dour, il faudrait réquisitionner l'armée...). La nuit venue, l'endroit ne souffre pas d'excès de nuisance sonore, une simple paire de bouchons vous permettra de passer une agréable nuit complète. Malgré ces indéniables qualités, j'ai quitté le campement avec un goût amer en bouche ... Tout d'abord, à cause de l'altercation dont je vous faisais part dans le précédent article. Ensuite, parce qu'un vil vandale avait déjà tailladé ma tente la veille, d'un coup de lame appuyé et purement gratuit. J'ai tendance à penser qu'il ne s'agit que d'un manque de bol résultant de deux faits isolés. Cependant, d'autres témoignages recueillis tendent à faire pencher la balance du côté obscur.


Bien sûr, l'endroit est gardé par des professionnels. Mais leur vigilance, aussi aiguisée soit-elle, n'est pas sans limite. Une fois les barrières franchies, il n'est ainsi pas rare de croiser un campeur sans bracelet, ayant réussi à pénétrer en fraude. Quant à moi, je n'ai pas été fouillé une seule fois lors de mes nombreux passages, et ce malgré mes nombreux bagages. Les organisateurs prônent la tolérance et la convivialité, et c'est tout à leur honneur. Mais il ne faut pas pécher par naïveté : aussi nobles soient les intentions de départ, chaque festival attire son lot de campeurs mal intentionnés. Et entre une attitude cool et une autre nuisible, la limite peut parfois être mince.


En conclusion, Esperanzah! est un festival que je vous conseille vivement de découvrir. L'endroit est accueillant, et le dépaysement total. Toutefois, je préconise de ne faire les 3 jours que s'il vous est possible d'éviter de camper sur place. Dans le cas contraire, un seul jour suffira, compte tenu, en outre, que l'ambiance n'est optimale que si le temps est radieux. Et qu'en Belgique, entre un gouvernement fédéral et 3 jours de soleil à la suite, on ne sait même plus ce qu'on a vu en dernier ...


Esperanzah! 2011
+ : Ambiance, dépaysement, nourriture, multiplicité d'activités, confort et propreté
-: Sécurité dans le camping, impuissance face au mauvais temps.


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