mardi 2 août 2011

Un samedi gris au village francomou

Se faire un avis sur les Francofolies de Spa nécessite de savoir dans quelle catégorie d'événements les placer. Pour une fête de ville, c'est clairement très sympathique. Mais sur l'échelle des festivals, on frise le zéro en matière d'aventure, de découverte et de dépaysement.

Au milieu du parcours festivalier, les Francofolies de Spa font figure de sortie de détente. Ce festival de la chanson française, et plus si affinités, se singularise d'abord par son public. Qu'il soit plus ou moins jeune, l'image qu'il renvoie se cramponne à la réalité quotidienne. Pauvre en mélange des genres, dénuée de tout cocktail de culture, la gente francofolle est avant tout locale. On ne traverse pas les frontières pour venir aux "francos", c'est à peine si l'on franchit les limites de sa province. L'accoutumance au bien-être caractérise une (majeure) partie de ce public. Allumez une clope sous la scène du "Dôme", pourtant située en plein air, et c'est toute la rangée de devant qui se retourne, et vous toise avec dégoût. Ces personnes n'ont pas connu les batailles de boue de Dour, ni les traversées caniculaires de la plaine de Werchter. Sans doute ne savent-elles même pas que cela existe.


En matière de musique, ce parterre citadin s'avère être peu gourmet. Spa attend ses "Francos" comme Mons son Doudou, Liège son 15 août, ou Namur ses fêtes de Wallonie. C'est la croix au calendrier qui marque le retour de la fête populaire, le temps des podiums, des tartiflettes servies dans des assiettes en carton, et des bancs communaux installés sous les tonnelles, sur lesquels s'empilent et se renversent les gobelets en plastique. Certes, les festivités s'accompagnent d'une affiche musicale, mais il en émane un lourd parfum de variété plébéienne, qui rappelle ces mornes soirées d'hiver à suivre les rediffusions de Taratata sur le petit écran. L'affluence spadoise est de celles qui suivent attentivement les grands médias, où elles découvrent les nouveautés musicales et les trucs qui mettent bien l'ambiance. Pour garnir le fond de la manne, les organisateurs appellent des chanteurs nationaux à renommée toute relative, affutés ou professionnels en devenir, et même parfois ceux qui sont en manque de scène. Mais qu'ils soient puissants ou misérables, ce sont souvent les mêmes qui reviennent d'année en année. Toutefois, tels des éclaircies transperçant les lourds nuages gris, de la même trempe que ceux qui ont orné le ciel spadois tout au long de cette édition 2011, quelques noms réussissent à attiser la curiosité des spectateurs affinés.


Cette année, pour certaines raisons... et d'autres, ma visite à Spa n'a duré qu'un simple samedi. Je suis donc en mesure de vous parler de l'intégralité des concerts auxquels j'ai assisté. J'ai débuté par les Tellers, groupe belge au style easy listening frais et enjoué, dont les compos se suivent et se ressemblent. J'aurais souhaité voir le duo électropop Curry & Coco, mais la pluie battante et une grippe latente me contraignirent à rester à l'abri. Je slalomai entre les goutes vers le Dôme, pour assister au concert de La Pompe Moderne. Ce pastiche de l'univers du grand Georges Brassens était exceptionnel, et parfaitement mis en place. Je plaignis toutefois le chanteur, qui avait dû apprendre par coeur les textes de Diams ou Amel Bent, tout en saluant son talent d'imitateur et la qualité de son postiche. Cocasse, anachroniquement décalé, ce concert valait à lui seul le déplacement à Spa ! Après un petit tour en ville, je revins sous le Dôme pour voir Cascadeur. Ce mystérieux Messin possède un univers propre et très mélancolique dans lequel il parvint, seul sur scène, à plonger l'audience. Créant ainsi un cocon virtuel, sur lequel ricochaient les basses de Stromae qui, un peu plus loin, faisait cracher son laptop devant 10,000 spectateurs en furie. Et puis c'en fut tout des Francofolies 2011. Dimanche, un ciel aussi triste que l'affiche du jour me poussa à ne pas quitter mon toit.


Pourvu que les dieux de la météo soient cléments, car ce week-end, c'est Esperanzah! qui m'attend ! Ouverture et zénitude seront les deux mots-clé de ce festival toujours ensoleillé !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire